Erwin le rêveur - Aérien
Feuilleton hebdomadaire sur une histoire d'heroic fantasy
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Elles continuèrent de parler jusqu'au changement de guetteurs.
Erwin se leva instantanément, comme s'il n'avait pas dormi et attendait la main d'Etaile pour se lever. Il fit le tour du camp, regardant la plaine enténébrée autour, et rencontra la jeune femme qui avait prit le guet après sa mère. Elle lui sourit et engagea la conversation sur leurs voyages respectifs. L'attitude réservée d'Erwin, presque maussade, fondit peu à peu. Erza était vive, et sa conversation aussi agréable que sa présence. Il gardait la mission à l'esprit, balayant le paysage à intervalle régulier pour s'assurer que les dangers restaient à l'écart. Elle par contre parlait sans surveiller quoi que ce soit, racontant sa vie, celle de ses parents, lui posant quelques questions. Elle prit son élan pour lui demander :
— Erwin, vous n'êtes pas... totalement humain. Je me trompe ?
Il sursauta, puis avec un sourire demanda :
— Je ne ressemble pas à un homme ?
— Si si, totalement, et un bien beau encore.
Elle rougit, respira et reprit.
— Pourtant, quelque chose est étrange. Vos lames sur le visage, je n'ai jamais rien vu comme ça. Votre manière de marcher, de monter à cheval aussi. Vous êtes érudit, mais ce n'est pas ça. Vos yeux ont une forme pas commune. Ma question vous dérange ?
— Elle est surprenante. Mes lames sont celles de mon maître, sa magie est très peu connue, normal que ses symboles étonnent. Rares aussi ceux qui remarquent mon ascendance, hors mes amis et bien évidemment ces moines qui savent tout. Je suis en grande partie humain, mais le père de ma mère était un Aérien.
Erza réagit vivement à son tour. Elle leva la main droite, comme pour saisir quelque chose entre eux, puis la baissa, gênée, et regarda le paysage éclairé par la lune pleine pour la première fois.
— Cela te choque ? Te gêne ?
— N... Non. Je suis surprise. Les Aériens... tant de récits courent sur eux. Ils ont disparu depuis longtemps.
— Peut-être suis-je la dernière trace de leur existence, avec quelques ruines, et les histoires qui se racontent encore.
Elle joignit les mains derrière elle, accentuant son côté enfantin, pour demander :
— Avez-vous, vous savez...
— Des ailes ?
— Oui, c'est ce que je voulais...
— Qu'est-ce que cela changerait ?
— Vous pourriez voler.
— Non, pour toi ?
— Moi... J'aimerais les voir. Les Aériens étaient si fascinants, et je rêve d'en rencontrer depuis toujours.
Avec de légers craquements, comme un papier froissé que l'on lisse, Erwin sortit doucement ses ailes de sous sa tunique. Erza était fascinée par la fine membrane, presque transparente, qui se tendait, s'étendait, s'étirait. Elle commença à tourner autour de lui pour les regarder de plus près, tandis qu'il la suivait du regard, souriant. Elle leva la main, s'arrêta.
— Je peux ?
D'un hochement de tête, il acquiesça. Elle posa le bout des doigts sur l'arête externe d'une aile, ressentant la tension, la solidité, fascinée par la finesse et la force qui s'en dégageait. La membrane était rugueuse, un peu comme la langue d'un chat, et solide. Elle ne cédait pas sous la pression. Erza se recula, l'air extatique. Erwin battit doucement des ailes, et commença à s'élever. Il resta quelques instants en l'air, avant de se poser, et de remplier ses ailes lentement. Erza les regarda se racornir, perdre toute tension, et disparaître.
— Je dois être discret.
Elle sourit d'un air complice. Ils parlèrent jusqu'à la fin de leur garde, principalement du peuple disparu, et des nombreuses histoires qu'elle connaissait à son sujet. Quand il rejoignit sa couverture, laissant à Longine le soin de surveiller le campement, Argon ouvrit les yeux.
— Fichu séducteur.
— Pourquoi ?
— Tu sens la vanité jusqu'ici, Erwin, et j'ai l'ouïe fine. Apprend à être discret avec tes ailes.
— Oui, compagnon, je fais bien attention, répondit-il avec un sourire.
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Commentaires(s)
- 2014-08-08 22:21:00 - Marie-Gaëlle
Jolie introduction en vol! je suis intriguée par les parties métalliques fichées dans sa chair. Plus encore que par ses ailes (oui, je m'arrête sur des détails :) )
- 2014-08-09 11:33:37 - Marie-Gaëlle
Pour aller dans la forme, quelques répétitions que tu peux aisément corriger: "légères" au début, "fins", "rapidement", "route", ainsi que "petit". À part ça: "s'étendait" au singulier (se rapporte à un champ) , "avaient fui", et pour pinailler "au-dessus" prend un trait d'union ^^
J'espère que mes remarques te seront utiles. Je lirai la suite avec plaisir plus tard :) - 2014-08-10 12:13:12 - Cédric
Merci Marie-Gaëlle, c'est agréable d'intriguer une lectrice (mais pourquoi ses lames seraient un détail ;-) Il faut voir Erwin comme je l'ai imaginé, dans la totalité du personnage). Effectivement certains épisodes manquent de vernis et j'ai laissé passer quelques grossièretés qui manquent d'élégances. C'est là que je me rend compte (comme toi, si j'en crois un récent article) de la valeur des relecteurs. Le rythme particulier du feuilleton m'empêche de requérir les services de Cocyclics, ou même de mes proches, vu que je termine l'épisode peut de temps avant le vendredi fatidique. Si j'en fais ensuite un roman, je réécrirais les scènes pour sortir du carcan de la publication par épisode, et je prendrais le temps d'une vraie relecture globale.
Mon premier commentaire sur ce blog pour Erwin, hourra ! - 2014-08-10 12:26:55 - Marie-Gaëlle
Je suis sur l'épisode 2: l'ambiance de taverne est très bien rendue, d'autant que tes épisodes sont courts. Tu crées une atmosphère en quelques mots, c'est bien joué. Sur la forme, quelques participes présent qui gagneraient à revenir dans un temps plus "actif". Je ne suis pas réfractaire au participe présent, loin de là, mais notamment quand il accroche ses affaires, je crois qu'un passé simple s'harmoniserait mieux dans le texte. C'est globalement ma seule suggestion. Ton style coule tout seul, c'est fluide. Sinon, apparemment les mages sont parfaitement intégrés dans ton monde, le tavernier ne semble pas réfractaire à l'idée qu'un sorcier fréquente son établissement?
- 2014-08-11 07:38:42 - Cédric
Effectivement les mages ne sont pas systématiquement vus comme une menace. Je note toutes les remarques précieusement pour la phase de correction. Merci :-D
- 2014-09-07 11:33:13 - Marie-Gaëlle
Y aurait-il comme une esquisse de romance entre Erza et Erwin? j'adore la remarque d'Argon à la fin de la scène 12 :D
- 2014-09-08 12:21:06 - Cédric
Argon est très fort pour sentir les choses ;-) pour le reste, je laisse les chapitres suivants développer ce fil.
- 2014-09-12 20:00:06 - Marie-Gaëlle
J'ai tout rattrapé, j'ai tout rattrapé! je me suis mise en mode lectrice, je t'avoue ne pas avoir relevé d'énormités. Je ferai un autre passage en mode Béta, juste pour voir :) J'aime bien ce format, ça se lit vite et bien. Une ombre se forme, la menace se précise, j'ai hâte!
- 2014-10-11 13:57:16 - Nicodel
J'aime beaucoup le départ.
C'est fluide et les descriptions très bien amenées. - 2014-10-11 23:01:53 - Cédric
Merci Nicodel, chaque lecteur intéressé me donne envie de continuer et d'améliorer encore un peu ma manière de travailler.
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31/10/2014 - Cédric Girard