Erwin le rêveur - Hurl
Feuilleton hebdomadaire sur une histoire d'heroic fantasy
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— Oui, compagnon, je fais bien attention, répondit-il avec un sourire.
Le lendemain passa de même, et plusieurs jours suivirent. La route était monotone, les nuits froides. Argon menait toujours le convoi, tous les sens en éveil, souvent accompagné d'Erwin. Ils parlaient peu, évoquaient quelques souvenirs communs, riaient ensemble. Erwin s'exilait parfois à l'arrière-garde, d'où il pouvait voir Erza. La nuit, elle prit souvent sa garde en même temps que lui, fascinée par tout ce qu'il savait du peuple Aérien, de ses coutumes, de ses légendes. Ce que son grand-père ailé lui avait raconté différait souvent à plusieurs titres de ce que connaissaient les gens du commun, et ses récits étaient plus précis. Une nuit, elle obtint d'Erwin qu'il s'envole avec elle. Il la prit dans ses bras, fins et fermes. Elle serra son torse, affirma sa prise quand les ailes les soulevèrent sans effort. Ses pieds s'agitèrent un peu, jusqu'à ce qu'elle calme son cœur et sa respiration. Elle sentait dans ses mains la vibration qui courait dans le dos de l'homme. Erwin s'éleva à une dizaine de mètre au dessus du camp, et sous la clarté des étoiles qui éclairait faiblement leurs visages, il l'embrassa. Elle eu un mouvement de recul, surprise par le contact doux, avant de rendre le baiser. Le silence était total, hors le léger vrombissement qui les maintenait en l'air. Une fois redescendus, leur discussion fut plus tendre que les jours précédents, plus concentrée sur leurs histoires passées, entrecoupées de petits baisers silencieux.
— Tu disais que ces lames viennent de ton maître ?
— Elles symbolisent l'intrication du rêve dans la réalité, leur nature profondément mêlée.
Elle passa deux doigts timides sur l'or, sentant le tranchant du métal à la lisière de la peau. Les lames ne dépassaient pas des pommettes, et formaient juste une légère aspérité sous la pulpe des doigts.
— Cela ne te fait pas mal ?
— Elles sont sur mon visage depuis si longtemps que je n'y pense même plus.
— Ce n'est qu'une décoration ? Elle reprit sa phrase. Un symbole ?
— Pas uniquement. Elles contiennent également un puissant enchantement qui tranche le lien avec le monde du rêve si je suis incapable de revenir à la réalité. Je n'ai eu à m'en servir qu'une seule fois, dans mes jeunes années. C'est une expérience terrible qui me laissa sans force pendant plusieurs jours.
Elle le regardait, impressionnée, comme un trésor fabuleux qui ne pourrait jamais lui échoir. La tristesse ne quitta pas son regard jusqu'au coucher.
Encore un lendemain, encore un jour à parcourir la steppe qui se faisait de plus en plus sèche. Le convoi cheminait tranquillement, les moines bavardaient avec la famille. Même Longine y allait de son commentaire. Argon tourna brutalement la tête à gauche, se dressant sur les étriers sans arrêter son cheval.
— Qu'est-ce ? demanda Erwin en regardant dans la même direction. Je ne vois rien encore.
— Quelque chose de lourd qui court vers ici. C'est massif et rapide. Il vaut mieux ne pas l'attendre. Au galop, danger, hurla-t-il pour les autres.
Ygritte lança ses chevaux instantanément, suivie par les moines.
— Il y a un roc dressé droit devant, cria le guerrier à Erwin. Nous devrions y trouver une grotte, elles sont fréquentes dans la région, et un point en hauteur ne nous desservira pas. Pars devant chercher l'abri, je reste derrière pour les protéger.
Erwin fit accélérer son cheval, droit sur le promontoire, disparaissant à la vue des autres. Argon ralentit, se laissa doubler en les exhortant à se presser, et se plaça juste derrière le chariot. Erza et son jeune frère se tenaient aux arceaux. Quelques malles tombèrent, roulant dans la poussière. C'était là sans commune mesure avec le danger qui approchait. Se retournant, il distingua un nuage de poussière à leur gauche. Cela approchait vite, quoi que ce soit. Et risquait de leur couper la route avant qu'ils n'atteignent la colline. Un seul monstre pouvait soulever autant de poussière avec cette vitesse. Saisissant son amulette, il tendit son esprit vers Erwin.
— C'est un hurl. Presse-toi !
La sueur perlait à son front. Était-ce la télépathie, la course folle, ou l'approche du mastodonte ? La route de la bête allait couper la leur. Il força son destrier, remontant rapidement au niveau de Pélane.
— Énorme bestiau en approche, freine le !
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Commentaires(s)
- 2014-08-08 22:21:00 - Marie-Gaëlle
Jolie introduction en vol! je suis intriguée par les parties métalliques fichées dans sa chair. Plus encore que par ses ailes (oui, je m'arrête sur des détails :) )
- 2014-08-09 11:33:37 - Marie-Gaëlle
Pour aller dans la forme, quelques répétitions que tu peux aisément corriger: "légères" au début, "fins", "rapidement", "route", ainsi que "petit". À part ça: "s'étendait" au singulier (se rapporte à un champ) , "avaient fui", et pour pinailler "au-dessus" prend un trait d'union ^^
J'espère que mes remarques te seront utiles. Je lirai la suite avec plaisir plus tard :) - 2014-08-10 12:13:12 - Cédric
Merci Marie-Gaëlle, c'est agréable d'intriguer une lectrice (mais pourquoi ses lames seraient un détail ;-) Il faut voir Erwin comme je l'ai imaginé, dans la totalité du personnage). Effectivement certains épisodes manquent de vernis et j'ai laissé passer quelques grossièretés qui manquent d'élégances. C'est là que je me rend compte (comme toi, si j'en crois un récent article) de la valeur des relecteurs. Le rythme particulier du feuilleton m'empêche de requérir les services de Cocyclics, ou même de mes proches, vu que je termine l'épisode peut de temps avant le vendredi fatidique. Si j'en fais ensuite un roman, je réécrirais les scènes pour sortir du carcan de la publication par épisode, et je prendrais le temps d'une vraie relecture globale.
Mon premier commentaire sur ce blog pour Erwin, hourra ! - 2014-08-10 12:26:55 - Marie-Gaëlle
Je suis sur l'épisode 2: l'ambiance de taverne est très bien rendue, d'autant que tes épisodes sont courts. Tu crées une atmosphère en quelques mots, c'est bien joué. Sur la forme, quelques participes présent qui gagneraient à revenir dans un temps plus "actif". Je ne suis pas réfractaire au participe présent, loin de là, mais notamment quand il accroche ses affaires, je crois qu'un passé simple s'harmoniserait mieux dans le texte. C'est globalement ma seule suggestion. Ton style coule tout seul, c'est fluide. Sinon, apparemment les mages sont parfaitement intégrés dans ton monde, le tavernier ne semble pas réfractaire à l'idée qu'un sorcier fréquente son établissement?
- 2014-08-11 07:38:42 - Cédric
Effectivement les mages ne sont pas systématiquement vus comme une menace. Je note toutes les remarques précieusement pour la phase de correction. Merci :-D
- 2014-09-07 11:33:13 - Marie-Gaëlle
Y aurait-il comme une esquisse de romance entre Erza et Erwin? j'adore la remarque d'Argon à la fin de la scène 12 :D
- 2014-09-08 12:21:06 - Cédric
Argon est très fort pour sentir les choses ;-) pour le reste, je laisse les chapitres suivants développer ce fil.
- 2014-09-12 20:00:06 - Marie-Gaëlle
J'ai tout rattrapé, j'ai tout rattrapé! je me suis mise en mode lectrice, je t'avoue ne pas avoir relevé d'énormités. Je ferai un autre passage en mode Béta, juste pour voir :) J'aime bien ce format, ça se lit vite et bien. Une ombre se forme, la menace se précise, j'ai hâte!
- 2014-10-11 13:57:16 - Nicodel
J'aime beaucoup le départ.
C'est fluide et les descriptions très bien amenées. - 2014-10-11 23:01:53 - Cédric
Merci Nicodel, chaque lecteur intéressé me donne envie de continuer et d'améliorer encore un peu ma manière de travailler.
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31/10/2014 - Cédric Girard