Textes lyriques - Humain
quelques vieilleries trouvées au grenier
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On commence, on se lance.
Cri/Lumière/Violence - en fait tu n'as pas encore de mot sur ta douleur. Mais tu sais ce qu'est la douleur. Enfin tu le crois. Tu es contrarié et tu cris. Autour de toi, joie et douleur, comme partout. Mais ce matin, beaucoup de joie et beaucoup de douleurs. Que Dieu aille se faire foutre avec ses malédictions. On te frappe, on te sert, on te dorlote, on t'abandonne, on te nettoie, on t'embrasse.
Tu commence à parler, le silence est d'or, tes parents sont fauchés. Avant tu pleurais/criais/mangeais/dormais/chiais. Maintenant, tu commence à te construire. Dans ta tête. Tu commences à parler. Plus tard tu apprendra le mensonge, celui qui dégoûte, celui qui amuse, celui qui tue ou celui qui sauve. Tu apprendra aussi la voix vibrante de vérité, de désir, d'amour. Tu apprendra cela. "Papa, répète après moi" "Maman".
Tu commences à marcher. Déjà tout petit tu explorais ce qui passait à la portée de ta main. Ton corps, ton lit, Maman, ses seins, ton sexe. Puis tu as commencé à ramper, à filer dans tous les coins, à te ruiner sur la moquette, qu'en juste retour tu abreuvais de tes excréments. A force de regarder les Grands courir autour de toi, et poussé par l'humaine volonté d'aller plus loin, tu t'es mis debout. Un peu comme un scientifique, tu as essayé différentes hypothèses; mais bon, toi t'as jamais tué personne en ratant tes expériences. Pas encore. Colomb a atteint l'Amérique, toi tu commences par les casseroles qui dépassent des meubles, les bonbons pour le cœur de Mamie, les prises électriques. Tu iras loin.
Viens l'école. Déjà. Vision de Charlemagne rôtissant en enfer à côté de Ferry. Tu seras un mouton, mon fils. Écoute, tais-toi, répond pas et sois-heureux. Achète, vend toi, vend les autres mais sois honnête. Apprend la vie. Apprend les jeux, les coups, l'anglais, les torgnoles et le racket, l'histoire et l'anatomie de ta petite voisine. Fais ta loi, soumet toi à celle des autres, surtout change rien à la Loi. Soit interchangeable, flou, remplaçable. Cache tes émotions, devient un lion. Aimer vous les uns les autres. Peace and Love. Rebelle toi, comme ton père qui a depuis tout compris. Compris qu'y'a rien à comprendre. Tu seras un pion mon fils, vote pour le gentil monsieur. Pose toi pas de questions.
La fac, liberté. Ou autres études, prison. Au final ça change rien. Prison. De chair et d'os. De subtils courants électriques qui courent dans des cellules qui ne seront pas remplacées. Minuscule amas de cellules animé de mouvement. Tu ne changeras rien dans l'univers. Dans 1000 ans, dans une seconde tout ce que tu auras fait sera nul. Amas complexe de muscles, de nerfs, d'envies, de liquides, d'alcool, de vitesse, de désirs, de gestes. Tu cours, tu boites, tu rampes, tu bouge plus. T'es mort.
FIN. THE END. GAME OVER sans vie supplémentaire.
Pour quoi, pour qui ma vie? Pourquoi, comment la vivre?
Cri/Lumière/Violence - en fait tu n'as pas encore de mot sur ta douleur. Mais tu sais ce qu'est la douleur. Enfin tu le crois. Tu es contrarié et tu cris. Autour de toi, joie et douleur, comme partout. Mais ce matin, beaucoup de joie et beaucoup de douleurs. Que Dieu aille se faire foutre avec ses malédictions. On te frappe, on te sert, on te dorlote, on t'abandonne, on te nettoie, on t'embrasse.
Tu commence à parler, le silence est d'or, tes parents sont fauchés. Avant tu pleurais/criais/mangeais/dormais/chiais. Maintenant, tu commence à te construire. Dans ta tête. Tu commences à parler. Plus tard tu apprendra le mensonge, celui qui dégoûte, celui qui amuse, celui qui tue ou celui qui sauve. Tu apprendra aussi la voix vibrante de vérité, de désir, d'amour. Tu apprendra cela. "Papa, répète après moi" "Maman".
Tu commences à marcher. Déjà tout petit tu explorais ce qui passait à la portée de ta main. Ton corps, ton lit, Maman, ses seins, ton sexe. Puis tu as commencé à ramper, à filer dans tous les coins, à te ruiner sur la moquette, qu'en juste retour tu abreuvais de tes excréments. A force de regarder les Grands courir autour de toi, et poussé par l'humaine volonté d'aller plus loin, tu t'es mis debout. Un peu comme un scientifique, tu as essayé différentes hypothèses; mais bon, toi t'as jamais tué personne en ratant tes expériences. Pas encore. Colomb a atteint l'Amérique, toi tu commences par les casseroles qui dépassent des meubles, les bonbons pour le cœur de Mamie, les prises électriques. Tu iras loin.
Viens l'école. Déjà. Vision de Charlemagne rôtissant en enfer à côté de Ferry. Tu seras un mouton, mon fils. Écoute, tais-toi, répond pas et sois-heureux. Achète, vend toi, vend les autres mais sois honnête. Apprend la vie. Apprend les jeux, les coups, l'anglais, les torgnoles et le racket, l'histoire et l'anatomie de ta petite voisine. Fais ta loi, soumet toi à celle des autres, surtout change rien à la Loi. Soit interchangeable, flou, remplaçable. Cache tes émotions, devient un lion. Aimer vous les uns les autres. Peace and Love. Rebelle toi, comme ton père qui a depuis tout compris. Compris qu'y'a rien à comprendre. Tu seras un pion mon fils, vote pour le gentil monsieur. Pose toi pas de questions.
La fac, liberté. Ou autres études, prison. Au final ça change rien. Prison. De chair et d'os. De subtils courants électriques qui courent dans des cellules qui ne seront pas remplacées. Minuscule amas de cellules animé de mouvement. Tu ne changeras rien dans l'univers. Dans 1000 ans, dans une seconde tout ce que tu auras fait sera nul. Amas complexe de muscles, de nerfs, d'envies, de liquides, d'alcool, de vitesse, de désirs, de gestes. Tu cours, tu boites, tu rampes, tu bouge plus. T'es mort.
FIN. THE END. GAME OVER sans vie supplémentaire.
Pour quoi, pour qui ma vie? Pourquoi, comment la vivre?
24/06/2014 - Cédric Girard